Interview exclusive de Nam Pham, créatrice de PPMC

Nous partageons avec vous l’interview de Nam Pham, la créatrice de la marque Papa Pique et Maman Coud et dirigeante de l’entreprise. Cette échange est parue dans le magazine « Faire soi-même » de juillet 2020.

Connue pour ses accessoires de mode colorés en tissus pour femme et enfant, la marque Papa Pique et Maman Coud ne cesse de créer de nouvelles collections d’imprimés avec pas moins de 2 collections par mois depuis 25 ans.

Audacieuse et surprenante, la petite entreprise basée à la Trinité-sur-Mer en Bretagne compte aujourd’hui 26 boutiques et a créé 56 emplois en France et une centaine à l’étranger.

Dans le contexte social et économique actuel si particulier et imprévisible, l’heure est aussi à la création. Nam Pham, la fondatrice de PPMC nous dévoile la naissance de la petite sœur de Papa Pique et Maman Coud : Les Bobines Créatives tournée autour des kits à faire soi-même.

PPMC fête ses 25 ans cette année, pouvez-vous nous raconter comment l’histoire a commencé ?

Tout a commencé par 1 mètre carré de stand sur les marchés en Vendée. Je confectionne moi-même des barrettes en tissu de toutes les couleurs pour les vendre, et récolter les recettes pour payer mes études d’architecture. L’histoire se répète tous les étés pendant 10 ans : le matin, j’achète le tissu ; l’après-midi, je colle les pièces et je vends tout mon stock au fur et à mesure. 

Mes petites créations plaisent particulièrement à une clientèle parisienne fidèle depuis le début. Les premières saisons se sont déroulées en Vendée puis en Bretagne. A la naissance de notre premier enfant, nous nous sommes installés sur la côte bretonne ou nous avons continué à vendre sur les marchés. Un premier magasin a ouvert de façon saisonnière en 93 à Quiberon, puis ont suivi les boutiques de Carnac, Le Crouesty, Belle-Ile-en-Mer. En 98, la première boutique à l’année ouvre

C’est le succès de ces boutiques qui m’a poussé à continuer et, de fil en aiguille, nous en sommes à une vingtaines de boutiques en France 25 ans plus tard.

Papa Pique et Maman Coud est né sur les marchés
Tout a commencé par 1 mètre de stand sur les marchés de Vendée

Etait-ce un rêve de petite fille de créer ses propres accessoires ?

Petite fille, j’ai toujours été assez bricoleuse, ma grand-mère m’apprenait à tricoter. J’ai le souvenir d’avoir commencé très tôt à fabriquer plein de petits objets en tissu, des vêtements et des accessoires, même mes premiers sacs. Je créé et couds pour moi, ma famille et mes copines. Je baigne donc dans une culture de la création durant toute mon enfance même si mon esprit très carré m’a permis d’empocher un bac S (scientifique) et m’orienter vers des études d’architecture à Nantes. 

Un métier qui était alors censé répondre à mes aspirations de créativité et de technicité. Mais j’aime aussi que « ça aille vite » et l’architecture ne répondait pas à ce critère. J’ai donc bifurqué vers ma deuxième activité ; la création d’accessoires dont vous connaissez l’histoire jusqu’à la création de l’entreprise. Car j’aime aussi les défis.

La petite entreprise a bien grandi qu’est-ce que vous aimez le plus ?

Tout m’intéresse : la création, le design, la distribution. La recherche d’imprimés et de tissus me passionne toujours autant. J’adore aller sur les salons et fouiner. 

Et j’adore aussi tout ce qui est backoffice, logiciel design. 

En 2014, en collaboration avec un designer, nous avons repensé l’intérieur des boutiques que nous avons souhaité avec une image plus « urbaine » que « bord de mer ». J’ai beaucoup apprécié cette période de développement plus technique qui m’a permis de me replonger dans mon métier d’architecte

Comment définissez-vous les grandes valeurs de votre entreprise ?

 PPMC est pour moi, une grande famille. Certaines personnes y travaillent depuis le tout début de l’histoire. On se réunit tous, plusieurs fois par an pour prendre des décisions communes notamment sur le choix du tissu. Mes plus beaux souvenirs sont les moments de partage ainsi que les fêtes que nous organisons tous les ans en fin de saison. C’est ma récompense. 

Je considère aussi PPMC comme audacieuse, car nous cherchons toujours à surprendre notre clientèle par de nombreux imprimés auxquels elle ne s’attend pas. Et c’est ce qui fait aussi la force de la marque.

Comment procédez-vous dans le choix ou la création de vos tissus ?

 On travaille de différentes façons. Nous pouvons créer nos propres tissus avec un design qui nous est propre. Il nous arrive également de réadapter des imprimés existants en les recolorant et en les recomposant pour les ajuster à la taille de nos accessoires. 

Mais la majorité de nos imprimés, nous les sélectionnons sur les salons avec une présélection de 200/300 modèles pour une saison que nous faisons venir à l’atelier. Ensuite, on fait participer les 56 employés qui doivent voter pour leur préférence. Et sur 150 tissus présélectionnés restants, 12 d’entre eux seront gardés pour créer 2 collections par mois. Dans cette dernière étape de sélection, l’avis des employés des boutiques est primordial car ce sont eux qui reçoivent les premiers retours de nos clientes et donc de leurs préférences et des tendances

Pourquoi faire le choix de fabriquer à l’étranger ?

Dans le textile aujourd’hui, le fait de faire fabriquer à l’étranger et en particulier en Asie, est souvent décrié mais je suis fière d’avoir créé des partenariats avec nos ateliers à l’étranger que je considère faisant partie intégrante de PPMC.  

Que ce soit en Thaïlande, au Vietnam, aux Philippines, en Bulgarie ou en Tunisie, nous travaillons avec les mêmes ateliers depuis 25 ans, ce qui représente une centaine d’emplois de créés. 

Notre modèle de marque ne pourrait pas exister sans ce co-développement. Si nous faisons fabriquer dans ces pays, c’est aussi et surtout parce que chaque pays a son propre savoir-faire. Par exemple l’un de nos ateliers en Thaïlande est spécialisé dans la fabrication de barrettes, le second dans celle des éventails et des ombrelles. Aux Philippines, ils ont un savoir-faire pour la peinture sur barrettes qui représente un travail très minutieux. En tant que franco-vietnamienne, née pourtant en France, je me sens aussi très proche de leur façon de faire. Nous y avons 2 ateliers. L’un est spécialisé dans les accessoires cheveux et l’autre dans la confection de portemonnaie. 

Quant à la Tunisie et à la Bulgarie, nous travaillons avec eux pour leur savoir-faire en textile.

Si vous deviez parler d’un produit phare …

Le sac besace avec le concept Sac & Zip qui consiste à garder une base unie en coton bio et d’interchanger les rabats grâce à une fermeture très simple à zipper. L’idée est d’offrir à nos clientes la possibilité de personnaliser leurs sacs pour pouvoir les assortir à leurs tenues en fonction de leurs envies. 

Ce sac répond à la demande actuelle : moins jeter, réutiliser et personnaliser. Je suis plutôt pour une croissante verte de la consommation plutôt qu’une décroissance.

Votre éthique

Ce sac besace Sac & Zip justement, est le fruit d’un plan de développement que nous menons depuis 2009. C’est à la suite d’un audit que nous avons été sensibilisés à l’écologie et que nous avons complètement changé notre fonctionnement de fabrication. 

Dans un premier temps, nous avons créé un partenariat avec une entreprise à Laval qui importe du coton BIO d’Afrique de l’Ouest. Ils filent et tissent le tissu. 

Un premier Bilan Carbone nous a fait prendre diverses mesures pour réduire cet impact sur l’environnement. Depuis, on favorise aussi les transports maritimes pour l’Asie.

Et en France, ce sujet fait partie de notre ADN. Nous organisons des réunions régulières pour prendre des mesures directement applicables comme par exemple les sacs réutilisables.

Parlez-nous de votre dernier projet...

Avec cette nouvelle entité que j’ai appelé les Bobines créatives, je souhaite continuer à partager la passion pour les tissus et ma connaissance des accessoires. 

L’idée de cette nouvelle marque est de proposer des kits à faire soi-même autour du tissu, de la couleur, de l’imprimé tendance et de l’accessoire DIY. Ces créations de kits répondent aussi à une demande de la part d’une partie de notre clientèle qui aime créer et coudre. 

Nous avons donc imaginé ces kits pour des débutantes qui souhaitent créer leurs propres accessoires de mode. Pour le début de cette aventure, nous partons avec une proposition de 3 kits : 

  • un kit de carré démaquillant
  • un kit masque avec 2 tailles (1 enfant et 1 adulte)
  • un kit chouchou.

L’objectif est d’étoffer la collection avec des accessoires autour de l’univers de la maison, du zéro déchet. 

C’est aussi là notre savoir-faire : créer ou sélectionner pour vous des tissus classiques, fleuris, géométriques ou figuratifs, souvent colorés et audacieux dans un style qui nous rapproche depuis déjà 25 ans.

Quels sont les avantages de ces kits ?

Il s’agit de kits prêts à coudre avec de jolis « bouts » de tissus, déjà prédécoupés à la forme de l’accessoire, accompagnés de petits bouts d’élastique, de zips ou de sangles nécessaires, et un tutoriel simple et ludique présentés dans une jolie enveloppe élégante.

Ils ont donc l’avantage d’être très facilement réalisables. On oublie les patrons, les pièces de tissus coupées permettent de ne pas perdre de temps dans la réalisation de son accessoire et de se lancer tout de suite dans la couture. On estime le temps de réalisation entre 15 et 30 minutes environ. 

En plus des tutos inclus dans le kit, nous mettons aussi en ligne des vidéos pas à pas pour accompagner nos clientes dans leurs créations. Donc aucun risque de rater !

Quels sont vos souhaits ?

Mon souhait est de développer des accessoires qui simplifient le quotidien tout en veillant à protéger l’environnement, avec des offres pour le « Zéro déchet » en sélectionnant des tissus de qualité, en coton biologique, labellisés Oekotex, garantissant la sécurité de nos clients. 

Je suis ravie de vous parler de cette nouvelle histoire qui commence cette fois-ci par 100% Made in France ou plus exactement Made in La Trinité Sur Mer car tous nos modèles de kits prêts à coudre sont créés et assemblés dans notre atelier breton dans un esprit famille comme un air de déjà vécu… comme les débuts de l’histoire de PPMC.